Figure lumineuse du Mouridisme, Serigne Fallou Mbacké, deuxième Khalife général des Mourides (1945-1968), demeure dans les cœurs comme le bâtisseur silencieux, celui dont l’action a façonné Touba, sans jamais rechercher les feux des projecteurs.
Fils de Cheikh Ahmadou Bamba, Serigne Fallou incarna la continuité du projet spirituel et communautaire du fondateur. Pourtant, il le fit dans une humilité légendaire, préférant l’action au discours, la construction au bruit.
Durant ses vingt-trois années de khalifat, il fit de Touba un chantier permanent : la Grande Mosquée fut achevée sous son magistère, symbolisant à la fois l’élévation spirituelle et la centralité géographique de la cité. Il savait que l’œuvre de Bamba ne pouvait se pérenniser sans ancrage physique. Et il donna un visage à cet ancrage.
Proche du peuple, il avait une manière unique de s’effacer tout en tenant les rênes. Des témoignages nombreux rapportent son écoute, sa sobriété, sa rigueur dans l’organisation du travail collectif. Les « ndiguëls » de Serigne Fallou n’étaient jamais des ordres secs, mais des appels doux au dépassement de soi, toujours ancrés dans la fidélité à Bamba.
Il a aussi consolidé le lien entre Touba et les villages environnants, structurant les daaras, accompagnant les défrichages agricoles, et renforçant l’autonomie économique du Mouridisme. Sans tapage, il a jeté les bases d’une Touba moderne et ouverte, prête à accueillir des milliers, puis des millions de talibés à chaque Magal.
À sa disparition en 1968, une foule immense lui rendit un hommage silencieux. Touba pleurait un père plus qu’un chef, un soufi enraciné dans l’action, un homme pour qui la transmission de l’héritage de Cheikh Ahmadou Bamba était une responsabilité sacrée.