Serigne Saliou Ndoye, Sénégalais établi depuis quelques années aux États-Unis, vit actuellement l’une des expériences les plus éprouvantes de sa vie. Chauffeur de taxi dans l’État du Texas, il a été arrêté et placé en détention après un banal malentendu avec une passagère, révélateur des fractures culturelles et linguistiques qui peuvent virer au cauchemar.
Ce jour-là, une Américaine monte à bord de son véhicule et lui demande, comme c’est courant, de mettre de la musique. Ndoye, au langage anglais approximatif, répond calmement qu’il n’en a pas. Interloquée, la passagère s’enquiert alors de ce qu’il écoute habituellement. La réponse est franche, teintée de spiritualité : “Le Coran et les khassaïdes.”
À partir de là, tout bascule. L’échange met mal à l’aise la passagère, qui demande soudainement à descendre, alors qu’ils roulent sur une autoroute. Par sécurité, Ndoye refuse de s’arrêter immédiatement. Mais cette décision, rationnelle dans son esprit, est perçue autrement. La femme alerte la police. Quelques minutes plus tard, des agents interviennent et procèdent à l’interpellation du chauffeur, soupçonné de tentative de séquestration.
Depuis, Serigne Saliou Ndoye est détenu. Son cas n’a cessé d’émouvoir la communauté sénégalaise aux États-Unis, qui le décrit unanimement comme un homme pieux, discret et respectueux. Une pétition circule. Des voix s’élèvent. Une cagnotte a même été ouverte pour lui assurer une défense digne de ce nom.
L’affaire, d’autant plus délicate que l’homme serait en situation irrégulière sur le territoire américain, pourrait basculer dans une procédure d’expulsion, malgré l’absence de charges criminelles graves.
Derrière ce fait divers se cache une réalité plus profonde : celle des barrières culturelles, du poids des stéréotypes, et de la difficulté pour certains migrants de se faire comprendre, d’exister sans être suspectés. Serigne Saliou Ndoye, lui, attend. En silence. Sa foi pour refuge, son honneur pour boussole.